Description

Le rapport au(x) savoir(s) d’un individu n’est pas sans lien avec son ancrage culturel ni avec les dynamiques qui l’animent en tant que Sujet en contexte. Penser qu’« il n’y a de sens que du désir » (Beillerot, 1996, p. 73), c’est admettre que les individus oscillent continuellement entre attirance et répulsion, y compris dans leur rapport au(x) savoir(s) et au(x) processus d’apprentissage. Une telle approche prolonge les travaux cliniques d’orientation psychanalytique menés dans le champ de la didactique (Carnus, 2015). Jusqu’à présent, ces derniers n’ont été que peu développés dans les contextes ultramarins, c’est-à-dire au prisme de la multiculturalité et de l’empreinte (ou « legs » ) colonial(e). Quelques travaux récents en sciences de l’éducation ont néanmoins permis de saisir les nombreux mécanismes observables chez le sujet qui s’empare de son rôle (de professeur ou d’élève) dans une situation didactique, en contexte inter- ou multiculturel (Chartofylaka, Odacre & Delcroix, 2021 ; Cadousteau, 2022). Le programme scientifique présenté vise à saisir comment les rapports entre sujets, au sein de territoire où la multiculturalité est forte, sont constitutifs des rapports aux savoirs qu’ils construisent, dans une visée pragmatique. Il s’agit de déployer un travail d’ampleur sur les questions relatives aux savoirs « locaux » et à leur transmission au sein des systèmes éducatifs ultramarins (ces derniers étant envisagés, dans un avenir proche, comme « adaptés aux spécificités culturelles », par de nombreux acteurs politiques et institutionnels). Le programme de recherche vise, surtout, à mettre en œuvre un raisonnement comparatiste dont l’ambition est qu’il puisse servir à la construction de références communes, au sein des départements et des territoires ultramarins étudiés. La crise liée à la pandémie mondiale de 2020 a, par ailleurs, mis en évidence certaines défaillances des politiques éducatives et permis la mise en valeur de problématiques urgentes au sein des familles et des institutions scolaires, notamment en lien avec l’accompagnement parental en contexte ultramarin (Cadousteau et al., 2021). Dès lors, s’intéresser aux familles, notamment en lien avec leurs appréhensions et leurs affects liés à la mise en œuvre d’un scénario didactique contextualisé, est devenu indispensable. Faire exister les savoirs traditionnels ou locaux au sein d’une école qui considère davantage les éléments culturels des familles paraît être un levier pour rapprocher une école peut-être trop « hexagono-centré ». Les différents éléments mentionnés invitent, ainsi, à investiguer trois composantes qui semblent particulièrement centrales au sein du programme de recherche envisagé : les savoirs « locaux » et leurs intérêts dans la construction des savoirs supra-communautaires (1), les protagonistes (élèves et professeurs) de la situation didactique vivant un scénario didactique « contextualisé » (2), les familles et leurs appréhensions de l’école à l’issue de l’expérimentation (3).

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