Soutenance de thèse en doctorat de Karine FROGIER LEOCADIE : “Transmissions des cultures et des langues polynésiennes : Le cas du tahitien dans la société actuelle, langue d’enseignement et langue vivante patrimoniale. Analyses et perspectives d’avenir”, mercredi 11 décembre 2024 à 8h à l’Auditorium du pôle recherche.
- Département : Lettres et Sciences humaines
- Discipline : Sciences du langage (CNU : Section 07)
- Spécialité : Didactique des langues et des cultures
Résumé de la thèse
Cette thèse étudie l’apprentissage et l’enseignement du tahitien dans la société actuelle et les conditions permettant une (re)connexion des apprenants à cette langue. Elle examine comment l’enseignement du tahitien à l’université de la Polynésie française peut contribuer à une meilleure (ré)appropriation des langues et des cultures polynésiennes et quels outils et approches pédagogiques peuvent être envisagés pour repenser cet enseignement.
Après vingt ans d’expérience en tant qu’enseignante du tahitien, nous proposons une réflexion autour d’une contextualisation sociodidactique de l’enseignement du tahitien permettant aux étudiants de surmonter leur insécurité linguistique. Pour ce faire, une enquête par questionnaire auprès de 129 étudiants de licence en parcours « Langues polynésiennes » a permis d’étudier leurs pratiques langagières et leurs représentations sociales au cours de leur vie, et plusieurs expérimentations pédagogiques innovantes ont été mises en place à l’université pour mesurer leurs impacts sur les apprentissages des étudiants. L’analyse des réponses au questionnaire permet de décrire et de comprendre la situation sociolinguistique des étudiants basée sur une diglossie, voire une triglossie (français-tahitien-autres langues polynésiennes). Elle permet aussi de relever la place de l’alternance codique et la coprésence du tahitien et du français en envisageant ces pratiques langagières comme tremplin possible dans l’enseignement du tahitien.
Les résultats recueillis lors des expérimentations (classe renversée, recherche-implication avec la traduction en tahitien du Prophète de Gibran, recherche-action avec une sortie pédagogique culturelle à Mo’orea, recherche-création avec une exposition itinérante et inclusive autour de la légende mythique du ’uru ou fruit de l’arbre à pain) mettent en évidence l’importance des effets de contexte sur l’acquisition et la (ré)appropriation culturelle et linguistique et le changement de posture des étudiants face à l’apprentissage des langues polynésiennes. Pour compléter cette recherche, des entretiens semi-directifs sur l’état actuel de l’enseignement du tahitien ont été réalisés auprès de plusieurs personnes (ministres et inspecteurs de l’Éducation nationale, pasteurs de l’Église protestante Mā’ohi, maires de commune). Enfin, une analyse comparative d’écoles immersives en langue locale sur différents territoires (Bretagne, Nouvelle-Zélande, Hawa’i, Île de Pâques) nous ont conduit à suggérer, comme pistes de réflexion et perspectives, une immersion en langues et cultures polynésiennes dès le plus jeune âge avec la création de Garderies Immersives Tahitiennes.
Mots-clés : contextualisation didactique, effets de contexte, bi-plurilinguisme, didactique des langues et des cultures polynésiennes, insécurité linguistique, alternance codique, classe renversée, pédagogie innovante.