Dans le prolongement du numéro spécial Littérature et politique en Océanie du New Zealand Journal of French Studies (vol. 37, 2019), un colloque international, porté conjointement par les laboratoires EASTCO (UPF), GDI (UPF), TROCA (UNC) et la MSH-P, est prévu à l’Université de la Polynésie française (UPF) du 14 au 16 novembre 2022. Le colloque a un double objet : d’une part, cerner les rapports de domination, d’intégration, et d’appropriation qui occupent une place centrale dans les littératures océaniennes, tant en contexte postcolonial que colonial ; d’autre part, mettre en valeur le travail novateur de la littérature du Pacifique (langue, images) et la prise de conscience de l’appartenance transocéanienne exprimée à travers les langues anglaise, française et autochtones.
La politique n’est pas que l’expression de l’engagement de l’auteur, n’est pas nécessairement contrainte par les convictions « idéologiques » de celui-ci. L’esthétique, l’écriture, le choix de la langue ou des expressions en langue, la focalisation, des tournures syntaxiques, le temps des verbes, etc., peuvent eux aussi présenter des choix politiques, ou avoir des effets politiques. Si la littérature océanienne a ses spécificités propres qui ne découlent pas simplement de la tradition européenne, il n’en est pas moins vrai qu’elle a « sa part d’universel » aussi, pour citer une phrase de Tjibaou.
Les propositions de communication pourront s’inscrire dans l’un ou plusieurs des axes suivants :
1) La narrativisation fictionnelle des conflits politiques dans la littérature océanienne.
2) Les stigmates du passé et la mémoire occultée de la domination coloniale que des nombreuses fictions s’emploient à recueillir et à restituer.
3) L’action politique d’un certain nombre d’écrivains qui sont ou ont été partie prenante de la vie politique océanienne, en tant que militants ou responsables politiques. Le concours de politologues et d’historiens prêts à travailler dans les archives serait particulièrement important pour donner une première idée de l’action institutionnelle d’auteur(e)s comme Dewé Gorodé (Nouvelle Calédonie), Moetai Brotherson (Polynésie française), Epeli Hau’ofa (Tonga) ou Grace Mera Molisa (Vanuatu).
4) La langue qu’adoptent les écrivains océaniens, le sens qu’ils donnent à ce choix et l’usage politique qu’ils font de cette langue, dans leur écriture.
5) La mise en fiction du « vivre ensemble » et des rapports entre les communautés, les représentations littéraires des identités ethniques, linguistiques, de genre ou de religion étant révélatrices des tensions ou des revendications inhérentes aux différents territoires océaniens.
6) Les représentations de la marginalité sociale et des formes d’exclusion.
7) Les nouvelles formes d’impérialisme et de colonialisme en Océanie
8) Histoire et actualité de la problématique environnementale dans les textes océaniens.
Pour plus de détails, on peut consulter la présentation analytique du colloque dans l’appel à communication publié en avril 2021 sur le site de fabula :
Le colloque réunira une cinquantaine de spécialistes universitaires, mais aussi d’écrivains, dont quarante extérieurs à l’UPF. Un des objectifs est de stimuler à nouveau la collaboration scientifique, la définition de programmes communs et les échanges entre les universités océaniennes dans le domaine des Lettres et Sciences humaines, où cette collaboration a beaucoup souffert de la crise sanitaire et de l’interruption des rencontres.
Les participants extérieurs attendus viennent de Nouvelle Zélande, de Fidji, de Samoa, d’Australie, du Canada, de Hawaï ainsi que des États-Unis continentaux, d’Italie et de France. Les dates du colloque ont été choisies pour permettre un adossement au Salon du livre de Papeete de novembre 2022 afin de favoriser les échanges avec les écrivains du Pacifique présents à cette occasion. Des étudiants de l’UPF participeront à certaines tables-rondes avec les écrivains présents et seront impliqués dans la manifestation.
Le colloque, à la fois international et interdisciplinaire, implique plusieurs structures de recherches de l’UPF (MSH-P, laboratoires EASTCO et GDI) et de l’UNC (laboratoire TROCA) qui se sont engagés à participer au financement de la manifestation (voir lettres d’engagement en PJ). Le colloque bénéficie par ailleurs du soutien institutionnel de plusieurs universités du Pacifique (voir les lettres de soutien de l’University of the South Pacific (Fidji), de l’University of Waikato (NZ), de la « School of Humanities » de l’Université d’Auckland, de l’Institute of French-Australian Relations (ISFAR, Australie), du « Pacific Institute » de l’Australian National University et du « Center of Pacific Islands Studies » (UH Manoa, Hawaï), qui n’ont pas encore chiffré leur apport).
Outre l’organisation générale du colloque, les financements sollicités visent à prendre charge les billets d’avion et l’hébergement de plusieurs spécialistes des rapports entre littérature et politique en Océanie. La participation souhaitée de certains universitaires et écrivains du Pacifique dépend largement du budget effectif dont nous pourrons disposer.
Comité scientifique
- Sémir Al Wardi, MCF HDR, UPF
- Bénédicte André, lecturer, Macquarie University
- Peter Brown, professeur, UPF
- Odile Gannier, professeure, Université de Nice
- Mounira Chatti, professeure, Université de Bordeaux
- Lorenz Gonschor, lecteur, UPF
- Sylvie Ortega, MCF HDR, UPF
- Jean-Paul Pastorel, professeur, UPF
- Andréas Pfersmann, professeur, UPF
- Titaua Porcher, MCF, UPF
- Thomas Schwarz, professeur, Nihon University, Tokyo
Comité organisateur
- Sémir Al Wardi, MCF HDR
- Peter Brown, professeur, UPF
- Marie Gaboriaud, PRAG, UPF
- Lorenz Gonschor, lecteur UPF
- Damien Mollaret, PRAG UPF
- Andréas Pfersmann, professeur, UPF
- Titaua Porcher, MCF, UPF
- Virginie Soula, MCF, UNC