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Première évaluation de l’importance du phénomène des DCP échoués sur les rivages des îles de Polynésie française

Contexte succinct

L’expansion de l’usage de DCP dérivants par les flottilles de thoniers senneurs fait peser un risque important de surexploitation sur plusieurs espèces de grands poissons pélagiques au niveau mondial (Ariz et al., 1999; Fonteneau et al., 2000; Hallier et al., 1992). Cette situation critique, particulièrement marquée dans l’Océan Pacifique, fait l’objet d’une grande vigilance de la part des autorités de gestion. Toutefois, les conséquences de l’accroissement du nombre de DCP dérivants ne se limitent pas à leur impact sur les ressources vivantes en milieu hauturier. L’augmentation des DCP dérivants engendre d’autres sources de problèmes qui s’étendent désormais à plusieurs composantes des milieux côtiers. A ce titre, la recrudescence actuelle du nombre de DCP échoués sur les rives de nombreux pays devient une préoccupation grandissante. L’ampleur de ce phénomène soulève désormais de multiples questions, qui concernent aussi bien la dégradation de l’habitat et de la biodiversité corallienne (Donohue et al., 2001) la pollution engendrée par les matériaux constituants les DCP (Davies et al., 2017), ou encore le risque pour la navigation en milieu côtier (Johnson, 2000).

La Polynésie française occupe une position à la fois paradoxale et particulièrement sensible face à la question de l’échouage des DCP dérivants. En effet, située au centre du Pacifique Sud, la Polynésie française bénéficie d’une immense zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend sur près de 5 millions de km2. D’un côté, les thoniers senneurs, et plus largement la pêche sous DCP dérivants, est interdite dans cette vaste zone, ce qui singularise (et protège) la Polynésie française vis-à-vis du problème des DCP dérivants par rapport à beaucoup d’autres pays de la zone. D’un autre côté, la ZEE de Polynésie française est encadrée par deux des plus grandes zones de pêche à la senne sous DCP dérivants de la planète : la zone Est de l’Océan pacifique (EPO) et la zone Ouest et Centrale Pacifique (WCPO). Dans cette zone (WCPO), 5,8% des DCPs déployés finiraient échoués (Escalle et al., 2019), mais la probabilité d’échouage des DCPs est encore plus grande lorsque les DCPs dérivent dans un courant fort qui passe à travers un archipel (Hall and Román, 2016). Or, les îles de la Polynésie française constituent une série d’obstacles pour les nombreux DCP dérivants qui ont été déployés par les flottilles étrangères de senneurs, mais qui n’ont pas été récupérés. Au cours des dernières années, de nombreux habitants des îles témoignent d’une recrudescence importante du nombre de DCP dérivants dans la ZEE ainsi que du nombre de DCP échoués sur les rivages des iles polynésiennes. Cette situation, qui est empiriquement reliée par les riverains au nombre croissant de DCP déployés par les flottilles étrangères, s’accompagne de multiples problèmes potentiels (risques pour la navigation, destruction de l’habitat côtier, perte de biodiversité, image négative pour le tourisme, etc.) et crée de tensions au sein des populations des îles.

Toutefois, actuellement l’état des connaissances sur le phénomène des DCP échoués en Polynésie française reste basé sur des observations opportunistes, non reproductibles, qui ne permettent pas de fournir ne serait-ce qu’un ordre de grandeur de l’importance du phénomène. On ne dispose d’aucune évaluation quantitative fiable de l’importance du phénomène, ni même d’aucun protocole susceptible de soutenir une telle évaluation. Pour contribuer à combler cette lacune, la Direction des Ressources Marines (DRM) de Polynésie française vient de financer une étude (programme « DCPech ») qui vise notamment à développer un protocole d’évaluation et de suivi du nombre de DCP échoués. Inscrit dans cette même dynamique, le présent projet constitue un module supplémentaire qui vient compléter les deux premiers axes du programme DCPech.

Objectifs du projet

Sur la base du protocole d’échantillonnage qui est en cours de développement dans le programme DCPech, le présent projet a pour objectif de proposer une première évaluation de l’importance du phénomène d’échouage des DCP dérivants en Polynésie française sur plusieurs îles de l’archipel des Tuamotus-Gambier. Outre une première évaluation de la variabilité inter-îles du phénomène, le projet vise à recueillir des informations sur la nature des DCP échoués et à évaluer, sur cette base, la possibilité de dresser une typologie des DCP échoués (e.g. identification de grands « types » en fonction des matériaux utilisés). Toujours en lien avec le programme DCPech, il vise aussi à évaluer la faisabilité de recueillir suffisamment d’information pour remonter à l’origine des DCP échoués (zone de déploiement, navire). L’ensemble des résultats issus de ce projet vise à constituer une base de connaissances préliminaires pour aider les autorités de Polynésie française à orienter les prises de décisions relatives à l’encadrement de la pêche sous DCP dérivants au sein des organisations régionales de gestion des pêches.

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