En partenariat avec les Relations Internationales, deux séminaires conduits par le professeur d’anthropologie culturelle Adriano Favole (professeur à l’Université de Turin) vous sont proposés à l‘Auditorium du Centre de Recherche :
– L’histoire de l’anthropologie dans le Pacifique – le lundi 30 octobre de 17h30 à 19h30 ;
– La notion de souveraineté avec un regard comparatif entre les différents territoires – le mardi 31 octobre de 17h30 à 19h30.
Chacune de ces interventions durerait une heure, suivie d’une heure de discussion.
1. La souveraineté, entre anthropologie politique et perspectives autochtones
Ce n’est que récemment que le concept de “souveraineté” est entré dans la boîte à outils de l’anthropologie politique. Cette intervention s’interroge sur les raisons de cette longue absence et sur l’appropriation anthropologique du thème de la souveraineté à partir des années 1990. D’un point de vue théorique, deux perspectives semblent s’affronter : l’approche interprétative de Clifford Geertz, avec sa célèbre invitation à étudier la souveraineté dans des “lieux compliqués” d’une part, et l’approche critique et déconstructive de l’État occidental et colonial d’autre part. Ces deux perspectives ont été rejointes, au cours des vingt dernières années, par une littérature autochtone de plus en plus importante. A partir de quelques débats qui émergent des contextes insulaires des Pays d’outre-mer, la conférence de Adriano Favole se interroge sur l’émergence de nouvelles formes de souveraineté qui ne visent pas nécessairement l’indépendance politique, mais la reconnaissance des relations, des interdépendances, du pluralisme politique et culturel, longtemps niés par une vision absolue et “monolithique” de la souveraineté.
2. Le tiers paysage : la notion d'”incultivé” et l’anthropologie de l’environnement
Dans son dernier livre (La route sauvage. Laterza, Roma, à paraitre 2024), Adriano Favole propose de réfléchir à la notion d'”incultivé” (friche, jachère…) en tant que notion clé dans les débats sur l’environnement. De nombreuses sociétés d’Océanie, comme l’écrivait George Haudricourt il y a 50 ans à propos des Kanaks de la région de Houaïlou en Nouvelle-Calédonie, n’opposent pas la Nature à la Culture, mais plutôt la culture et l’inculture. Dans les cosmovisions de nombreux peuples autochtones, l’incultivé est ce qui n’est pas encore ou plus humain, un ensemble de potentialités. Ce n’est pas un hasard si des rites dédiés à l’incultivé et des formes de protection ou de sacralisation, comme le tapu ou le ra’hui, sont ethnographiquement très répandus. La notion d’incultivé et sa valorisation sont au centre d’un débat intéressant lancé par l’architecte paysagiste français Gilles Clement avec son Manifeste du Tiers Paysage. Partant de théories et d’ethnographies insulaire et des aspects descriptifs et métaphoriques de la notion d’incultivé (suffit de penser à la diffusion d’d’expressions telles que “peuples naturels” ou “peuples incultes”), le séminaire se propose d’apporter une réflexion novatrice sur les thèmes de l’anthropologie de l’environnement.
Biographie du conférencier
Adriano Favole est Pr d’Anthropologie culturelle au Département Culture, politique et société de l’Université de Turin, où il enseigne Anthropologie culturelle, Anthropologie de la communication et Culture et le pouvoir. Il a fondé et dirigé le laboratoire “Arcipelago Europa”. Il est actuellement professeur invité à l’Université de Nouvelle-Calédonie. Il a effectué des recherches à Futuna (Polynésie occidentale), en Nouvelle-Calédonie, à la Réunion et en Guyane française. Ses principaux domaines de recherche sont l’anthropologie politique, l’anthropologie du corps et l’anthropologie du patrimoine. Il collabore avec l’hebdomadaire “La lettura” du Corriere della Sera. Il est l’auteur de : Resti di umanità. Vita sociale del corpo dopo la morte (2003), Oceania. Isole di creatività culturale (2010), La bussola dell’antropologo (2015) pour Laterza ; Vie di fuga. (2018) ; Il mondo che avrete. Virus, antropocene, rivoluzione (con M. Aime et F. Remotti, 2020) per UTET ; La palma del potere (Il Segnalibro, 2000) ; L’Europa d’Oltremare (Raffaello Cortina, 2020). Il est l’auteur d’articles scientifiques traduites en français, anglais, brésilien et futunien.
Infos pratiques
Séminaire ouvert aux Enseignants-chercheurs, aux doctorants et aux étudiants de niveau Master.